Le brigadier-chef Vincenzo, engagé au sein de la communauté de brigades de Port-sur-Saône, dans la Haute-Saône, depuis mai 2021, a récemment vécu une intervention particulièrement marquante, qui a permis de sauver une jeune femme enlevée et séquestrée dans le coffre d’une voiture. Pour cet acte de bravoure, le jeune gendarme adjoint volontaire a été décoré de la médaille de la sécurité intérieure échelon argent – agrafe gendarmerie lundi 17 février 2025, à l’occasion de la cérémonie nationale en hommage aux héros du quotidien de la gendarmerie.

Entré en gendarmerie en mai 2021, le brigadier-chef Vincenzo est, depuis, affecté à la brigade de proximité de Port-sur-Saône, au nord de Vesoul, dans la Haute-Saône. Dynamique et motivé, ce jeune gendarme adjoint volontaire a déjà de nombreuses interventions à son actif. Mais l’une de ces missions l’a particulièrement marqué. Une intervention éprouvante, au cours de laquelle Vincenzo a dû faire usage de son arme pour sauver une jeune femme kidnappée et séquestrée dans le coffre d’une voiture.

Les bons réflexes

Tout commence le 11 décembre 2022, aux alentours de 5 h 30 du matin. Alors qu’il vient de terminer une intervention sur un incendie d’habitation avec son chef de patrouille, le binôme est appelé par le CORG (Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie) : un véhicule ayant fait deux refus d’obtempérer est en fuite dans le secteur de Vesoul. Sans plus attendre, les deux gendarmes se rendent sur place. Mais lorsqu’ils arrivent sur le lieu du barrage, le véhicule est déjà passé. Après 45 minutes de recherche, les gendarmes du secteur retrouvent enfin sa trace près d’une ancienne porcherie, mais le véhicule est vide.

Pour retrouver le suspect, les nombreux gendarmes engagés vont alors se lancer dans un travail d’enquête et de surveillance minutieux. Après 45 minutes d’attente, une information cruciale retentit sur les ondes de la gendarmerie : une femme enlevée et séquestrée à bord de ce même véhicule serait en train d’échanger des SMS avec un gendarme du CORG. Elle explique avoir été transférée du véhicule abandonné dans une fourgonnette rouge. La mission reprend pour le brigadier-chef Vincenzo et son chef de patrouille. « Nous avons rapidement préparé un dispositif pour intercepter ce véhicule. Sur la nationale, la brigade motorisée, en véhicule banalisé, a été envoyée en éclaireurs afin d’obtenir plus d’informations sur la localisation de ce véhicule. Peu de temps après, nous avons reçu l’information indiquant que le véhicule se dirigeait vers nous et qu’il était à moins d’un kilomètre. Dès que nous l’avons eu en visuel, nous nous sommes articulés pour procéder à son interception, en bloquant la circulation avec nos véhicules de service. Lorsqu’il est arrivé face à nous, nous avons couru à sa hauteur pour jeter les stop-sticks, mais ça n’a rien fait. Il a roulé dessus sans que les pneus soient crevés, puis a fait demi-tour en percutant l’un de mes collègues. Malgré les nombreuses injonctions qu’on lui a faites, le conducteur a continué sa manœuvre. Notre seul moyen de l’arrêter était de tirer dans les pneus, côté passager, pour essayer d’immobiliser le véhicule. C’est donc ce qu’un gendarme et moi-même avons fait. »

Malgré les pneus crevés, le suspect prend la fuite sur plus de dix kilomètres, roulant sur les jantes sur la nationale et les routes secondaires. L’individu finit par perdre le contrôle de son véhicule, percute un portail et s’encastre dans une habitation d’une commune voisine. Comprenant que l’étau se resserre sur lui, le mis en cause abandonne son véhicule et prend la fuite à pied. À quelques mètres derrière lui, le brigadier-chef Vincenzo se lance à sa poursuite. Lorsque l’individu glisse dans une ornière, son sort est scellé : Vincenzo le rattrape et procède à son interpellation. Quelques instants plus tard, ses collègues arrivent en renfort.  La femme séquestrée est retrouvée saine et sauve et est immédiatement prise en charge.

Faire redescendre la pression

Si la satisfaction d’avoir mené à bien cette mission est présente, le brigadier-chef confie que l’après-intervention a été éprouvant. Comme le veut la procédure en cas d’usage des armes, l’ensemble de son équipement a été saisi pour enquête. Placé en garde à vue afin de vérifier les faits, il raconte la pression immense qu’il a ressentie : « C’est une sensation étrange… On inverse les rôles et on devient le mis en cause. Du coup, on passe en revue chaque décision prise pour s’assurer qu’on a bien agi et on refait dans sa tête le circuit de l’intervention en quelques secondes pour revoir nos cadres et s’assurer qu’on a bien tout vérifié. C’est beaucoup de pression. Après, quand la hiérarchie dit que ça va aller, quand on nous dit qu’on a fait tout ce qu’il fallait et que le parquet décide de lever la garde à vue, tout retombe, toute la pression redescend

Un mois après cette intervention, une nouvelle mission va à nouveau bouleverser le brigadier-chef Vincenzo. Alors qu’il patrouille avec deux autres gendarmes, les militaires sont appelés sur le lieu d’un grave accident de minivan. Un arbre serait tombé sur le véhicule qui transportait des jeunes en situation de handicap. Pendant près de 40 minutes,  le brigadier-chef, alors primo-intervenant, va tenter de maintenir en vie le chauffeur en lui prodiguant un massage cardiaque, au milieu d’un chaos de tôle et de sang. À l’arrivée du SMUR, la victime est toutefois déclarée décédée.

Ces deux interventions ont profondément marqué le jeune homme sans ébranler sa vocation de gendarme. Son souhait s’est d’ailleurs récemment concrétisé avec sa réussite au concours de sous-officier. En attendant de connaître l’école de gendarmerie à laquelle il sera intégré, le brigadier-chef Vincenzo a reçu la médaille de la sécurité intérieure échelon argent – agrafe gendarmerie pour son action, à l’occasion de la cérémonie nationale en hommage aux héros du quotidien de la gendarmerie, qui s’est déroulée lundi 17 février 2025, à Paris. Une belle récompense pour le jeune gendarme qui l’accueille avec humilité : « Héros ? Non, tous les gendarmes sont des héros du quotidien. J’ai simplement fait mon travail. »

Source: gendinfo.fr