Le Défenseur des droits publie une étude sur l’accueil du public dans les services de police et de gendarmerie. Des problèmes persistent, notamment dans l’accueil des populations vulnérables et les moyens sont insuffisants en ce qui concerne l’accueil des femmes victimes de violences sexuelles et sexistes.
L’étude publiée le 4 mars 2025 constate que l’accueil des victimes et des requérants représente une charge d’activité croissante pour les personnels des forces de l’ordre. Cette charge se distingue aussi par la diversité des situations auxquelles sont confrontés les policiers et les gendarmes. Ainsi, à titre indicatif, le Défenseur signale qu’environ 940 000 déclarations de mains courantes ont été enregistrées en 2016.
Le Défenseur des droits a publié une enquête menée entre octobre 2022 et octobre 2024 au moyen d’entretiens réalisés auprès des personnels de police mais aussi de personnes ayant sollicité les services de police. Un questionnaire envoyé à un panel de 2 617 personnes en septembre 2023 a également servi de base à cette étude.
Une relative insatisfaction du public malgré la mise en place de nouvelles procédures
Depuis le début des années 2000, des règlements et des procédures ont été mis en place pour améliorer la prise en charge des requérants et des victimes :
- la généralisation de la présence dans les services de police et de gendarmerie d’intervenants sociaux et de psychologues ;
- la mise en place de policiers « référents« spécialisés par exemple dans les violences intrafamiliales ou les violences de genre LGBTQI+ ;
- la publication d’une « Charte de l’accueil du public et des victimes« en 2016.
Malgré ces avancées, de nombreuses insatisfactions demeurent. Selon l’étude, « les principaux motifs portant sur des manques de professionnalisme« concernent une attente trop longue, un contact jugé désagréable, un refus de service, un défaut d’information, des locaux dégradés ou encore un manque de confidentialité.
Ce ressenti peut varier en fonction des commissariats ou des brigades de gendarmerie, ou entre « un grand commissariat neuf d’un important centre urbain, bien doté en effectifs et en moyens, et une petite brigade de gendarmerie en milieu rural« .
L’une des principales critiques réside dans le fait que les personnels en charge de l’accueil du public sont souvent des jeunes fonctionnaires « du bas de l’échelle« . Cette tâche leur est d’autant plus dévolue qu’elle est souvent perçue comme un « placard » par de nombreux personnels des forces de l’ordre.
Des inégalités persistantes pour certains publics
Le rapport met en avant l’amélioration de la prise en charge des violences sexuelles ou sexistes et des violences intrafamiliales. Leur statut de « priorité gouvernementale » place les signalements pour ce type d’infractions sous l’attention des hiérarchies policières et des associations. Malgré tout, les ressources et les moyens restent limités.
Par ailleurs, les personnes en situation de vulnérabilité et de précarité (victimes de violences sexuelles, étrangers en situation irrégulière, jeunes issus de quartiers populaires, mineurs non accompagnés, Roms…) sont particulièrement exposées à un accueil insuffisant. Elles témoignent d’une « sur-répression« , qui mène à une vision de l’institution qui n’est pas protectrice mais aussi d’une « sous-protection« , voire de procédures inadéquates.
Au-delà de l’accueil, l’enquête du Défenseur des droits fait apparaître une insatisfaction concernant le résultat des plaintes. Celui-ci est majoritairement perçu de manière négative « puisqu’aucun type d’infraction ne dépasse les 40% de satisfaction positive suite à une plainte« . D’après l’étude, « 51% des requérants de l’échantillon qui ont déposé une plainte pour agression physique non sexuelle déclarent que leur plainte n’a pas eu le résultat attendu« .
Source: vie-publique.fr