Face à l’engorgement des services d’urgences, des mesures sont prises dans le cadre du programme « Ma santé 2022 », adopté en 2018. Un plan d’action spécifique, le Pacte de refondation des urgences, l’enrichit en 2019. Ces mesures ont-elles été pour autant efficaces ?

Un rapport publié le 19 novembre 2024 par la Cour des comptes sur « l’accueil et le traitement des urgences à l’hôpital » fait état de dysfonctionnements persistants et avance des pistes pour y remédier.

Des services sollicités au-delà de leur vocation

La médecine d’urgence est exercée par :

  • les services d’aide médicale urgente (SAMU), qui reçoivent et régulent les appels ;
  • les structures mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR), qui interviennent sur le terrain ;
  • les structures de médecine d’urgence, qui prennent en charge les patients à l’hôpital.

S’y ajoutent fin 2023 :

  • les services d’accès aux soins (SAS), centres d’appel pouvant répondre aux demandes de soins non programmés en médecine de ville, en plus des appels d’urgence ;
  • les antennes de médecine d’urgence, structures locales autorisées à fonctionner une partie de la journée et rattachées à des urgences de plein exercice.

Fin 2022, la médecine d’urgence générale et pédiatrique est exercée par 694 structures dépendant de 624 établissements de santé : 467 établissements publics (75% des urgences), 122 privés à but lucratif (20%) et 35 privés à but non lucratif (5%). La France compte 100 SAMU et 388 SMUR.

En 2022, les urgences ont enregistré 20,9 millions de passages (+6% en un an mais -3% par rapport à 2019), dont beaucoup ne relevaient pas d’une urgence réelle. Le coût total de la médecine d’urgence pour 2023 est estimé à 5 597 millions d’euros ; 5 312 millions sont à la charge de l’assurance maladie, soit 5,17% des dépenses hospitalières prévues par l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam).

Comment expliquer la saturation des urgences ?

Les urgences font face à :

  • un afflux croissant de patients lié à la raréfaction des médecins de ville, surtout la nuit et le week-end, et au vieillissement de la population. Les mesures mises en œuvre par les pouvoirs publics n’ont pas produit tous leurs effets et certaines doivent être complétées : organisation de la permanence des soins en ville, délégation de tâches aux infirmiers, aux sages-femmes et aux pharmaciens, simplification de l’accès direct à l’hospitalisation pour la patientèle âgée… ;
  • des tensions internes : pénurie de médecins urgentistes, locaux parfois mal adaptés, manque de lits d’hospitalisation dans les services spécialisés. Le service rendu aux patients se dégrade (allongement des délais de prise en charge, fermetures partielles ou totales sur certaines périodes, événements indésirables graves…).

Pour améliorer le fonctionnement des urgences et la prise en charge

Face à ce constat, le rapport préconise :

  • de coordonner la régulation des urgences avec la permanence des soins en ville et de généraliser l’accès direct à l’hospitalisation non programmée des seniors ;
  • de connaître, répartir et mobiliser plus facilement les moyens disponibles (équipes territoriales d’urgence…) et de sécuriser la sortie vers l’hospitalisation ;
  • de fiabiliser les données au service de la qualité et de l’efficacité des urgences ;
  • d’informer le public sur la disponibilité de ces structures et la qualité du service rendu.

Source: vie-publique.fr